Évènement exceptionnel, ce vendredi 15 novembre au sein des Ets Sabaton à Aubenas, avec la venue de M. Stéphane Le Foll, ministre de l'Agriculture, de l'Agroalimentaire et de la Forêt.
M. LE FOLL a été reçu par une délégation castanéicole composée de David Loupiac, Daniel Vernol, Michel Chabert et Christophe Sabaton, respectivement Président et Vice-présidents du Comité Interprofessionnel de la Châtaigne d'Ardèche. Après la visite de l'entreprise de confisage, M. Le Foll s'est entretenu, durant une heure, avec les opérateurs de la filière et les acteurs du territoire.
La Châtaigne d'Ardèche, une réalité économique.
Pour les professionnels castanéicoles, l'objectif de cette table ronde consistait à faire prendre conscience à M. le ministre, qu'au delà d'une production historique et identitaire, la châtaigne d'Ardèche avait, avant tout, un impact économique réel pour le territoire et surtout un avenir prospère, pour peu que l'on réussisse à passer le cap du cynips, principal ravageur mondial du châtaignier présent en Ardèche depuis 2010.
Après une rapide présentation des spécificités du verger du 1er département producteur de châtaignes en France, les responsables castanéicoles se sont attachés à démontrer la réalité économique à l'aide de données évocatrices. En effet, avec des chiffres d'affaires annuels respectifs de 7,5 millions d'euros pour la production et 9,5 millions d'euros pour l'expédition de la châtaigne fraîche, ces deux secteurs représentent aujourd'hui 700 Équivalents Temps Plein pour l'Ardèche (600 pour la production et 100 pour l'expédition). Cependant, de la bouche de M. Chabert, expéditeur à Vesseaux, le marché du frais se complique et la quinzaine de PME du département, pour qui la châtaigne représente une part importante de leur chiffre d'affaire, est confrontée à une concurrence accrue des variétés hybrides et des châtaignes d'import. En cela, la reconnaissance en AOC obtenue en 2006 et la future AOP qui se dessine, seront un atout important pour continuer à exister sur ce marché.
Comme l'a rappelé M. Sabaton, le contexte est différent pour la transformation. En effet la commercialisation de Marrons Glacés et de Crèmes de Marrons est un marché dynamique qui connaît une croissance régulière. Les inquiétudes des transformateurs sont davantage centrées vers la baisse de production au niveau européen et les difficultés d'approvisionnement. M. Sabaton a rappelé que l'Ardèche accueillait quatre transformateurs industriels renommés, représentant un chiffre d'affaire de 40 millions d'euros, 300 Équivalents Temps Plein et que tous ont investi ces 20 dernières années dans la création d'usines neuves et modernes, pour un montant global de 25 millions d'euros.
La reconquête de la châtaigneraie, un projet d'avenir.
Le message économique mis en évidence, Jean-Luc Flaugère, Président de la Chambre d'Agriculture de l'Ardèche et Lorraine Chenot, Présidente du Parc des Monts d'Ardèche ont mentionné le soutien dont bénéficie la filière castanéicole de la part de tous les acteurs du territoire avec notamment l'accompagnement du développement de la production au travers du projet de « Reconquête de la châtaigneraie ». Avec un objectif ambitieux de 2 000 tonnes supplémentaires de Châtaigne d'Ardèche AOC en 10 ans, opérateurs de la filière et acteurs du développement local ont montré que tous croyaient en l'avenir de ce produit et qu'ils se prenaient en main pour affronter les obstacles actuels.
Hervé Saulignac, Président du Conseil Général de l'Ardèche a confirmé qu'il ne s'agissait pas d'un combat d'arrière-garde et que cela serait dramatique de ne pas se donner les moyens d'accompagner cette dynamique.
Le ministre à l'écoute
De son propre aveu, M. Le Foll s'est déclaré particulièrement impressionné par l'excellence des produits à haute valeur ajoutée confectionnés par les Ets Sabaton, ainsi que par l'existence du lien fort qui existe entre tous les maillons de la filière castanéicole ardéchoise.
Cette réalité paradoxale qui voit d'un côté, d'importantes usines de transformation, génératrices d'emploi, avoir un besoin concret de plus de matière première et de l'autre côté une production qui risque d'être affaiblie par un contexte sanitaire défavorable, ne l'a pas laissé insensible. Il a pris conscience que l'accompagnement des castanéiculteurs était une nécessité, mais que les fonds sanitaires existants risquaient d'être insuffisants ou inadaptés pour palier aux pertes de récolte massives à venir du fait du cynips. M. Le Foll a rappelé la disponibilité de ses services pour travailler, dés 2014, sur des dispositifs complémentaires.
Avant de poursuivre cette journée ardéchoise par un déjeuner à la Chambre d'Agriculture de Privas, M. Le Foll a également ajouté que tout le monde aurait accès au Droit à Paiement de Base de la future Politique Agricole Commune et que l'Indemnité Compensatrice de Handicap Naturel serait revalorisée à hauteur de 15% et ce, dés 2014.
Au final, pour la profession castanéicole, l'objectif principal de sensibilisation à la problématique du cynips a été entendu et chacun espère désormais que cette rencontre avec M. le ministre facilitera les échanges avec les services de l'État pour trouver rapidement des solutions concrètes.
Sébastien DEBELLUT
Crédit photo : ©CICA-S.DEBELLUT